Etait-ce bien moi ?
Je ne sais si je les préfère à d’autres relations mais je respecte celle que j’entretien avec eux, parce que je les aime et surtout, pense mes mots en les prononçant.
A l’époque, le rôle que l’on m’avait attribué se situait dans un lieu où nombre de larmes étaient passées avec le temps, de la vie à ce que nous pensons connaître de la mort, souvent colorisées du rouge au noir.
Si les marques des cicatrices laissent traces de souffrance, la région avait dû voir mêler ce mot, de souffre à quelques arpents éjectés des entrailles d’une terre nommée France.
Au centre d’un gigantesque nid de vie se dressait fièrement une vieille dame voilée de noir, jetant son ombre sur la plus grande cité des Arvernes.
Je partageais alors une niche sur mesure avec deux exemplaires semi-aquatiques du monde canin, proches de par leur couleur sableuse de ces solitaires à quatre pattes palmées ayant perdu le Nord dans leur pôle amenuisé pour cause de sous location.
La niche en question semblait porter sur son dos quatre graduations se rapprochant délicatement des cieux en échange de quelques restes de mobilité.
Au sortir de cette pré-tombe, je parcourais quotidiennement avec mes deux copains les canaux pour papiers vert sans gondoles. Mon itinérance se mouvait alors de la stèle dont je n’avais que les responsabilités, aux sommets des cratères délavés avec un pas-sage obligatoire par la réception, en quête de miettes pour pigeons gourmands.
Cette oxygénation du cerveau se marquait d’une pause en face de ma dame brune de l’Assomption, après avoir ascensionné les amonts de proximité sans lunettes.
Je prenais alors quelques minutes à planer en regardant le fond de la cuvette pendant que mes copains se désensablaient la couenne à force d’aboiements.
Un jour, mon regard fut interpellé par une abeille sans elle et accompagnée de ces deux varois.
Cette apis mellifera s’incarcérait dans une tôle à roulettes qui se pulsait au flux migratoire de deux ou trois artères afin de stationner au sein d’une réunion de tables et chaises vautrées sur une terrasse. Ce fut l’unique vision que j’ai pu avoir de cet autre que je connaissais trop, bien que pas assez.
Je m’étais vu vivre.
Depuis, la chasse d’eau a été tirée.
Agie, 2016-09-23