La ville en deuil de son . . .

 

« Cela ne sert à rien de crier, je vous entends !

Je vous assure que je n’y s’ouïe pour rien !

Bien sûr que j’étais là et je ne m’en cache pas.

Oui, tout semblait normal ou plutôt dans la normalité que vous nous avez imposée.

Pourtant, les portes s’ouvraient, les volets se levaient, les bouches semblaient parler, mais rien . . . Absolument rien !

D’ailleurs, étonné par cette curieuse situation, je m’étais tourné vers la personne qui se trouvait à la table voisine de la mienne et je lui avais posé la même question que la vôtre. Il m’avait regardé sans aucune agressivité, sans aucune marque d’étonnement ou de sympathie. Rien. Nos regards s’étaient croisés, traversés, transpercés sans qu’ils ne deviennent échange.

Avez-vous déjà vu l’océan dans sa période d’étale aux frontières des marées hautes et basses ? Et bien, c’est pareil, identique. Un véritable calme sur des images figées laissant uniquement place à quelques ondulations frisant l’onde sur son reflet.

Dans ce silence total, je voyais bien ces gens qui se suivaient en direction du cimetière afin d’y garer leurs tombes. Rien à se dire, rien à entendre de l’autre, rien à partager que cet espace de temps dans le temps.

Je ne vous cacherai pas que cela me faisait plaisir même si, en écoutant bien, je ne voyais aucune modification avec l’avant.

Oui, bien sûr, les portes s’ouvraient, les volets se levaient, les bouches semblaient parler, mais rien !

La différence ?

Et bien, il n’y en a pas. Dans la mesure où personne ne semblait vouloir s’entendre, chacun vivait sa vie non pas en qualité d’acteur mais de figurant.

Remarquez, il s’agissait peut-être tout simplement d’un problème de la régie-son, ou d’un manque de mixage.

Pardon ?

Je ne vous entends pas !

Oui, écrivez-le sur ce papier.

C’est ça, merci, je le lirai . . . demain ! »

Agie, 2016-09-05